Manifestations cliniques et complications liées à la loaose
La pénétrance clinique de la loaose est variable, allant de l’asymptomatique à des symptômes légers et non spécifiques, en passant par des symptômes cliniquement distincts, jusqu’à des déficiences organiques rares mais potentiellement mortelles (2024).
Signes et symptômes pathognomoniques
Également connu sous le nom de ver africain de l’œil, le signe clinique le plus fréquent et le plus distinctif de la loaose est la migration du ver adulte à travers la conjonctive de l’œil. Cette migration, qui dure de quelques heures à sept jours, peut s’accompagner de démangeaisons, d’œdèmes, de douleurs et d’une sensibilité accrue à la lumière. Pendant la période de circulation, le ver peut être extrait relativement facilement.
Le deuxième symptôme spécifique à la loaose est l’œdème de Calabar. En raison d’une réaction immunologique après la migration du ver adulte, un angioœdème se forme. Bien que les articulations périphériques des extrémités supérieures soient les plus touchées, les œdèmes de Calabar peuvent se produire dans toutes les parties du corps. De même que le passage sous-conjonctival du ver dans l’œil, les œdèmes de Calabar disparaissent généralement sans séquelles.
Symptômes courants mais non spécifiques
Même si la fatigue, la myalgie, l’arthralgie, la céphalgie, la paralysie temporaire des nerfs périphériques, la paresthésie, le prurit, les éruptions cutanées, l’urticaire et les douleurs dentaires passagères sont moins distinctifs, ces symptômes, pour la plupart chroniques, représentent la majorité du fardeau de la maladie (Mischlinger et al, 2018 ; Veletzky et al, 2022). Si nombre de ces symptômes sont connus depuis des siècles, d’autres n’ont été décrits scientifiquement que récemment.
Les symptômes cliniques sont associés à la migration des vers adultes plutôt qu’au niveau de microfilarémie. Il a même été démontré que, dans les zones endémiques, les symptômes étaient en corrélation négative avec le niveau de microfilarémie.
Complications rares mais potentiellement mortelles
L’encéphalopathie et l’encéphalite sont des complications connues dans le cadre du traitement des patients avec de la diéthylcarbamazine (DEC) et de l’ivermectine ; même si des cas sans lien avec les traitements précités ont été décrits également. Des modifications rénales (hématurie et protéinurie) peuvent être observées, conduisant rarement à un syndrome néphrotique et à une insuffisance rénale. Un taux élevé de microfilaires et une hyperéosinophilie peuvent conduire à une fibrose endomyocardique. Des épanchements pleuraux ainsi que des ascites ont notamment été associés à la loaose (2024).
Références :
Ramharter M, Butler J, Mombo-Ngoma G, Nordmann T, Davi SD, Zoleko Manego R. Lancet Infect Dis. 2024 Mar;24(3):e165-e178. doi: 10.1016/S1473-3099(23)00438-3.
Veletzky L, Eberhardt KA, Hergeth J, Stelzl DR, Zoleko Manego R, Mombo-Ngoma G, Kreuzmair R, Burger G, Adegnika AA, Agnandji ST, Matsiegui PB, Boussinesq M, Mordmüller B, Ramharter M. PLoS Negl Trop Dis. 2022 Sep 19;16(9):e0010793. doi: 10.1371/journal.pntd.0010793.
Hildebrandt TR, Ramharter H, Lumeka Kabwende A, Endamne L, Davi SD, Adegnika AA, Mombo-Ngoma G, Agnandji ST, Mischlinger J, Manego Zoleko R, Ramharter M. Am J Trop Med Hyg. 2024 Jul 23:tpmd240059. doi: 10.4269/ajtmh.24-0059.