Épidémiologie de la loaose et impact sur la santé humaine
La loaose touche plus de 20 millions de personnes résidant principalement dans les régions de forêt et de savane des pays suivants : Angola, Bénin, Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Guinée équatoriale, Gabon, Nigeria, Soudan du Sud, Soudan, République du Congo, République démocratique du Congo et Ouganda. Environ 42 millions de personnes sont exposées au risque d’infection à la Loa loa, dont 20,5 millions et 21,7 millions vivent respectivement dans des régions à forte transmission et à transmission intermédiaire. La prévalence de l’infection, qui dure souvent toute la vie, dépasse souvent 70 % chez les adultes résidant dans les régions à forte transmission.
Fardeau de la maladie
La loaose a longtemps été considérée comme une affection bénigne n’entraînant qu’une gêne mineure. Cette conception a été réfutée par des études récentes démontrant la mortalité et la morbidité associées à la maladie.
Notre équipe a démontré, dans le cadre d’une vaste enquête transversale, que la morbidité, mesurée par l’espérance de vie corrigée de l'incapacité (EVCI), est de 413 pour 100 000 dans les régions à forte transmission. Cette mesure de morbidité est comparable ou supérieure à celle d’autres maladies infectieuses figurant sur la liste des maladies tropicales négligées de l’OMS. La mortalité associée à la loaose a été étudiée au Cameroun et en République du Congo, indiquant une surmortalité allant jusqu’à 15 % chez les personnes ayant une microfilarémie très élevée. Ces mesures indiquent clairement l’importance de la maladie sur le plan de la santé publique et au niveau individuel.
En outre, jusqu’à récemment, l’on en savait assez peu sur la connaissance et la perception de la filariose à Loa loa par les personnes vivant dans les zones endémiques. Une récente étude qualitative, menée dans une communauté rurale du Gabon, a montré que la communauté avait une bonne connaissance générale de la maladie. Cependant, seule une minorité de la population connaissait le mode de transmission par la mouche Chrysops, ce qui indique une lacune importante dans la compréhension de la maladie.
Références :
Ramharter M, Butler J, Mombo-Ngoma G, Nordmann T, Davi SD, Zoleko Manego R. Lancet Infect Dis. 2024 Mar;24(3):e165-e178. doi: 10.1016/S1473-3099(23)00438-3.
Burden of disease in Gabon caused by loiasis: a cross-sectional survey.
Veletzky L, Hergeth J, Stelzl DR, Mischlinger J, Manego RZ, Mombo-Ngoma G, McCall MBB, Adegnika AA, Agnandji ST, Metzger WG, Matsiegui PB, Lagler H, Mordmüller B, Budke C, Ramharter M. Lancet Infect Dis. 2020 Nov;20(11):1339-1346. doi: 10.1016/S1473-3099(20)30256-5.
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